
Révélation : Dan Gertler admet avoir effectué d’importants paiements à feu KATUMBA MWANKE, conseiller influent de Joseph Kabila
Malgré cette énième révélation de paiements aux profits de politiciens congolais, M. Gertler n’a toujours pas rendu compte de ses actes devant la justice congolaise ni étrangère. Le Congo N’est Pas A Vendre (CNPAV) appelle les instances judiciaires du pays principalement affectées - la République Démocratique du Congo - à se saisir enfin de ce dossier.
Kinshasa, le 14 juillet, 2025 - Selon de nouvelles révélations publiées aujourd'hui par Bloomberg, le milliardaire israélien reconnaît pour la première fois selon ses propres termes avoir versé d’importantes sommes d’argent à Augustin Katumba Mwanke dans le cadre de ses investissements miniers en République Démocratique du Congo (RDC) et avoir détenu des entreprises au nom de ce dernier. Ces révélations s'ajoutent aux nombreuses enquêtes sur l’enrichissement illicite de M. Gertler grâce aux mines et blocs pétroliers de la RDC.
Les éléments mis en lumière dans l’article de Bloomberg, découlent d’une décision arbitrale en Israël de 1224 pages opposant Gertler et deux hommes d'affaires israéliens, rendue en avril 2024 et obtenue par un membre de la coalition CNPAV, la Plateforme de Protection des Lanceurs d'Alerte en Afrique (PPLAAF).
Cette décision révèle comment celui qui s’y désigne comme “un roi au Congo”* a eu accès à des droits miniers grâce à des manœuvres secrètes et à des paiements substantiels à des individus proches d'anciens dirigeants de la RDC :
- Dans sa déposition, M. Gertler décrit comment il a gagné la confiance d'Augustin Katumba Mwanke, alors principal conseiller de l'ancien président Joseph Kabila. Il affirme avoir effectué d’importants paiements et detenir des parts dans des entreprises enregistrées au nom de Katumba. Selon l’arbitre Eitan Orenstein, Katumba utilisait ses relations avec les autorités congolaises pour faire en sorte que les opportunités liées aux actifs miniers de la RDC soient systématiquement proposées en priorité à Gertler.
- Gertler déclare à cet égard que “De tout ce que j'avais, la moitié lui appartenait”*. Toutefois, ce dernier précise que Katumba n’avait pas une position officielle au sein du gouvernement durant la période couverte par l’arbitrage, et que les relations commerciales entre les deux ne constituaient donc pas de la corruption. Cependant, le Département de la Justice américaine avait déjà obtenu des preuves de pots-de vins de Gertler à Katumba Mwanke dans l’affaire Och Ziff, où le politicien apparaît comme “DRC Official 2”.
- Par ailleurs, dans un témoignage de 2014 joint à la sentence arbitrale, Gertler se décrit comme « Le roi de la MIBA à ce jour » *. La MIBA étant la société diamantaire d'État à l'origine de certains des contrats d'extraction de diamants les plus importants de l'histoire de la RDC. Gertler reconnaît également avoir accordé des prêts à la RDC. Ses avocats ont précisé que le prêt avait été accordé à la MIBA, affirmant que de tels arrangements financiers n'étaient « en aucun cas inappropriés ou inhabituels »*.
- Dans la décision d'arbitrage, Gertler admet également avoir fourni de l'argent liquide directement au gouvernement congolais et à la Banque Centrale, consolidant ainsi son rôle de bouée de sauvetage du régime : "J'ai donné de l'argent au gouvernement. À la Banque centrale du Congo. En liquide"*.
Cependant, Gertler a nié toute faute ou irrégularité dans ces démarches. De leur côté, ses avocats affirment que ce sont des pratiques parfaitement normales dans ce type de contexte.
« Dan Gertler dit qu'il est un roi au Congo, mais son royaume a été construit sur le dos des citoyens congolais grâce à des accords douteux avec l'élite de notre pays », a déclaré Jean-Claude Mputu, porte parle de la coalition CNPAV. « Ses propres mots paternalistes et colonialistes décrivent une dynamique de pouvoir inquiétante et soulignent son exploitation éhontée de notre peuple ».
Jusqu’à présent, Dan Gertler n’a jamais rendu compte de ses actes devant les instances judiciaires – que ce soit les instances congolaises, israéliennes ou encore celles qui abritent ses comptes ou ont enregistré son vaste réseau de sociétés. Seules les entreprises multinationales qui ont fait affaire avec lui ont reconnu avoir fait trop peu pour rapporter les risques de corruption ou empêcher les actes illicites de leur partenaire Dan Getler, comme l’entreprise Och Ziff aux Etats-Unis, Katanga Mining au Canada ou encore Glencore en Suisse.
De surcroit, l’unique mesure de redevabilité envers M.Gertler a été sous menace ces dernières années. En 2017, M. Gertler a été sanctionné par le département du Trésor américain en 2017 pour des transactions minières et pétrolières opaques entachées de corruption, portant sur des « centaines de millions de dollars » en RDC. Selon les États-Unis, la RDC a perdu plus de 1,36 milliard de dollars entre 2010 et 2012 seulement. L’analyse de CNPAV estime ce chiffre à plus de 2 milliards de dollars.
Pourtant, selon plusieurs sources médiatiques, des négociations seraient en cours en vue d’une possible levée de ces sanctions. Ce serait un coup dur pour les acteurs de la lutte contre la corruption en RDC qui prennent des risques extrêmes pour défendre l'intérêt général, notamment les lanceurs d’alerte Gradi Koko et Navy Malela qui ont révélé un prétendu système mis en place par Gertler pour contourner les sanctions américaines. Ils ont été condamnés à mort en RDC et vivent en exil depuis cinq ans.
"Le Trésor américain enverra un message erroné s'il lève les sanctions contre Dan Gertler. Des malfaiteurs comme lui ne devraient pas pouvoir agir en toute impunité simplement parce qu'ils continuent à repousser et à contourner les obligations de rendre des comptes ", a déclaré M. Mputu "Ce serait une gifle à la société civile et aux Congolais qui ont passé des années à mettre leur vie en danger pour lutter contre la corruption et dénoncer les crimes”.
A la lumière de ces nouvelles révélations, le CNPAV appelle toutes les institutions compétentes à intensifier leurs efforts pour enquêter et poursuivre les paiements versés à M. Katumba Mwanke et ainsi qu’à d’autres responsables congolais.
Le CNPAV appelle par ailleurs les autorités américaines à maintenir les sanctions tant qu’une réelle redevabilité pour ces paiements ne sera pas atteinte. Cela passe nécessairement par une renégociation entière de l’accord Ventora-RDC, qui perpétue l’enrichissement de M. Gertler plutôt que de favoriser sa redevabilité.
Enfin, le CNPAV appelle les autorités congolaises à garantir l’espace civique dans ce dossier, notamment en annulant immédiatement de la condamnation à mort prononcée à l’encontre des lanceurs d’alerte Gradi Koko et Navy Malela.
Contact de presse
Jimmy KANDE, 00243 811971984, www.corruptiontue.org